Comme vous le savez, je suis enseignante en classe de petite section. L’année scolaire est déjà bien entamée. Et beaucoup de parents ont des craintes par rapport à l’école, surtout en petite section. C’est leur première année, ils sont encore petits et c’est donc tout à fait normal de se poser des questions.
J’avais envie dans cet article de recenser les questions fréquentes que j’ai eu tout au long de l’année, ainsi que les réponses que j’apporte. Ce sont mes réponses personnelles, qui ne seront donc pas les mêmes d’un enseignant à l’autre.
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J’ai peur que mon enfant se fasse mal.
J’ai souvent entendu cette crainte. Dans mon école, les enfants de maternelle sont regroupés dans la même cour pour la récréation (soit environ 60 enfants).
Ce que je dis aux parents qui ont peur des blessures, c’est que les adultes sont là pour éviter les gros bobos. On agit quand les situations nous paraissent dangereuses, et il arrive très très rarement de grosses blessures. En revanche, je ne peux pas garantir que les enfants n’auront jamais de petits bleus, bosses ou genoux écorchés… Cela fait partie de la vie en collectivité. De plus les enfants de cet âge sont encore un peu patauds et peuvent tomber facilement. Dans ce cas là, un pansement ou un peu de crème et c’est reparti. Je sais que pour certains parents, c’est très compliqué de récupérer leur enfant avec un petit bobo. Or, à cet âge là, ils se font souvent mal entre eux involontairement, et aussi souvent tout seul. Donc gros bobo non, petit bobo ça peut arriver (même si on essaie de les éviter au maximum!).
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Il n’ose pas vous en parler quand ça ne va pas.
Ça aussi, ça peut paraître angoissant. Certains enfants ont du mal à se livrer à quelqu’un d’autre qu’à leurs parents. Dans ma classe, plusieurs enfants sont réservés et n’osaient pas me parler au début. Mais en général, avec un peu de temps, la situation s’améliore naturellement. Ils apprennent à avoir confiance en moi, ils me voient tous les jours et finissent par venir me parler quand ça ne va pas. Et puis comme leurs parents ne sont pas là, c’est plus facile pour eux de venir parler à la maîtresse. Il faut souvent juste leur laisser un peu de temps.
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Il n’a pas d’ami, il est souvent tout seul dans la classe, dans la cour.
En observant leur enfant pendant la récréation (eh oui il y a des parents qui se planquent même dans la haie … si si je vous assure!^^), l’idée de le voir jouer tout seul peut les inquiéter. Il faut savoir que jusqu’à 4 ans, c’est compliqué pour un enfant de jouer réellement avec les autres. Certains vont savoir le faire un peu plus tôt, mais c’est tout à fait normal qu’en petite section, les enfants ne se lient pas forcément facilement aux autres. La notion de copain/copine arrive souvent après (en moyenne section). C’est tout simplement lié à leur développement. A 2 ans 1/2 -3 ans, un enfant est encore très égocentrique, d’où la difficulté de partager avec les autres et de jouer réellement ensemble. Le plus souvent, ils jouent à côté les uns des autres. Là encore rien d’inquiétant, en grandissant ils créeront de vraies amitiés.
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Et s’il refait pipi dans sa culotte … ?
Grande angoisse de la rentrée ! Il est propre mais il y a encore quelques accidents, ou des rechutes (souvent avant les rentrées d’ailleurs). Ça arrive fréquemment en petite section. Et ce n’est pas parce qu’il y a quelques accidents qu’on exclut l’enfant de l’école! On lui explique, on le change et c’est tout. Pas besoin de dramatiser, surtout pas de gronder. La propreté est un apprentissage qui n’est pas toujours totalement acquis en petite section. Or, à l’école, ça tombe bien on est là pour apprendre et pour grandir. On valorise quand l’enfant progresse. Et les situations se règlent souvent toutes seules naturellement.
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J’ai peur qu’il pleure car je vais lui manquer.
J’ai vu des mamans qui n’arrivaient pas à quitter la classe, de peur que leur enfant se mette à pleurer. J’ai discuté aussi avec des mamans avant la rentrée qui angoissaient à l’idée de voir leur enfant pleurer et qui anticipaient le pire. J’ai eu assez peu d’élèves qui ont pleuré en septembre. Et ceux qui pleuraient se sont arrêtés rapidement. Actuellement, depuis Décembre, plus de pleurs dans ma classe. Il faut savoir que la séparation peut être dure pour eux (mais pas forcément!), mais qu’ils passent vite à autre chose une fois les parents partis. L’angoisse des parents vis-à-vis de l’école favorise les pleurs et les difficultés de séparation de l’enfant. Pour que ça fonctionne bien, il faut bien expliquer à son enfant les choses (par exemple lui donner un repère temporel pour le rassurer « je viens te chercher après que la maîtresse ait lu l’histoire.. »). Il faut aussi soi-même être détendu et confiant envers l’école. Et il n’y a pas de raison que ça se passe mal.
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A la maison, il ne m’écoute pas. J’ai peur qu’il fasse la même chose à l’école.
Je l’entends très très souvent! Et je rassure les parents : l’école et la maison, c’est très différent. A l’école, ils sont plus nombreux, ils sont avec d’autres enfants du même âge, les adultes qui s’occupent d’eux n’ont pas le même rapport affectif avec eux. Bref… Ils écoutent souvent mieux la maîtresse que les parents 🙂 Et je vois pour mon cas personnel, mes élèves m’écoutent plus à l’école que ma propre fille à la maison… ! 😉
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Il ne veut rien me raconter de ce qui se passe à l’école.
Ah ça … Ça dépend des enfants. Certains sont de vrais moulins à paroles concernant leur journée d’école tandis que d’autres ne disent absolument rien. Pas moyen de savoir ce qu’ils ont fait de leur journée, ce qui est très frustrant quand on est parents. Alors là, je n’ai pas de méthode miracle. Si votre enfant répond « rien » ou « je sais pas » à toutes vos questions concernant sa journée de classe, c’est qu’il ne souhaite pas vous raconte sa vie à l’école. Il estime que c’est son jardin secret et que vous n’avez pas à savoir. Tant pis pour vous ^^. Mais comme on est des enseignants sympas, on vous liste sur le cahier de vie les activités menées en classe ou les petits projets qu’on a pu faire 🙂
Voilà pour les questions les plus fréquentes…